Grâce à la MGI (Maison du Geste et de l'Image), cette année, en collaboration avec d'autres collégiens de Paris, nous avons créé un film en stop-motion : il s'agit d'une technique d'animation avec des objets réels et en volume, comme dans "Wallace et Gromit" ou dans "L'étrange Noël de Monsieur Jack".
A travers le décryptage d'une série de courts-métrages du festival MGI de mars 2021, Laurent Gélinier nous a permis d'étudier le potentiel de cette technique avant de nous lancer. Techniquement, nous avons pris des photos successives des tableaux que nous avons mis en scène pour créer une continuité et faire passer notre message : "il faut voter pour faire vivre la démocratie!". Charlotte a réalisé le montage de nos images en associant les productions des élèves des autres collèges. La Démocratie vient de l'étymologie grecque : "le pouvoir du peuple". Elle est symbolisée par l'urne qui accueille les bulletins de votes. C'est pourquoi nous avons fait un film de propagande : la propagande est une technique de persuasion qui utilise des supports écrits, vidéos, sonores ou imagés pour convaincre les personnes d'adopter un comportement. Chaque acteur de notre film porte, soit le masque d'un personnage qui a contribué à faire représenter tous les citoyens au sein de la démocratie, soit la marque anonyme de la censure et de la dictature qui opprime le peuple. Comme symbole de l'autoritarisme, nous avons choisi une truelle qui sert à construire un mur d'oppression et qui illustre ce qu'est la censure. Le changement du décor accompagne notre voyage dans le temps depuis l'Antiquité de Périclès jusqu'à nos jours et même au-delà... Nous avons dû garder le masque anti-covid lors du tournage et, finalement, cela rend notre séquence encore plus forte : on est muselés. La fin de notre film très métaphorique est une dystopie. La dystopie est une fiction qui dépeint un monde où le citoyen ne peut pas échapper au contrôle des dirigeants, où chacun surveille ses pairs, où chacun se doit de rester conforme et ne penser que comme un robot ou une machine. Ici, nous avons aussi évoqué nos craintes au sujet de la réalité augmentée, de l'intelligence artificielle et du règne de la science au détriment de la nature. En amont, nous avions étudié le film "Bienvenue à Gattaca" (où il est question de manipuler l'ADN avant la naissance) et rédigé des nouvelles sur notre vie dans 20 ou 30 ans. Dans un studio, sur une scène avec un décor, un éclairage spécial, nous avons été les acteurs d'un jour en suivant les indications de notre réalisatrice Charlotte! Un immense merci à la MGI, qui nous a offert de participer à ce projet inclusif avec d'autres collégiens parisiens, malgré les difficultés liées à la crise sanitaire. On a passé une journée merveilleuse et nous sommes fiers d'avoir pu exprimer nos connaissances.
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Le 16 mars 2020, nous avons connu un épisode inédit : le coronavirus nous a amenés à plus de deux mois de confinement! Il a fallu mettre en place la continuité pédagogique! La Covid était si forte qu'elle avait fermé l'école!
Cela a débuté par une rumeur, une surprise, presqu'une bonne nouvelle! Le vendredi 13 mars à midi, nous avons appris que le lundi, il n'y aurait pas école. Nous n'avons pas bien compris de quoi il s'agissait et, pour sûr, c'était inédit! Mme Valette l'a dit à ceux qui étaient avec elle en ULIS. Les Professeurs l'ont dit à ceux qui étaient en classe en inclusion! Nous sommes tous venus demander si les ULIS étaient concernés, Sait-on jamais! Ce ne serait pas la première fois qu'on nous oublie ... Mais, peu à peu, nous avons réalisé que la situation était grave. Notre Président a dit : "nous sommes en guerre". Et, à notre niveau, pour aider, il fallait rester chez nous. Alors, il faut bien avouer que nous n'avons pas emporté chez nous tous nos cahiers, tous nos manuels et tous nos livres. Tout est resté en salle ULIS car nous pensions revenir vite, assez vite, à la fin des prochaines vacances, à la folie, pas du tout ! La peur nous a alors fait frémir et douter. Et nous avons bien vu l'effroi de nos parents dans cette situation, Les adultes non plus ne savaient pas quoi faire, à part essayer de faire des réserves de courses quand le budget le permettait. Certains parents travaillaient deux fois plus ; certains parents n'avaient plus de travail ; certains parents apprenaient le télétravail. La surprise passée, nous avons compris qu'il ne s'agissait pas de vacances. Il a fallu trouver une nouvelle manière d'apprendre, à la maison et en famille. Parmi nous, certains n'avaient pas l'équipement nécessaire pour mettre en place une classe virtuelle. Le collège a prêté des tablettes : on a apprécié! Mais il a fallu parfois quelques jours (ou quelques semaines ou pire...) pour réussir à partager le wifi du téléphone vers la tablette, se remémorer l'identifiant et le code de l'ENT (et ce dans le bon ordre...), comprendre quel lien utiliser, régler le micro ou brancher le casque du téléphone! En attendant de parvenir à ce que chacun participe à la classe virtuelle de l'ULIS, nous avons commencé à recevoir une routine ULIS hebdomadaire par mail pour ceux qui ne pourraient pas réussir à suivre le rythme des cours d'inclusion de leur classe ordinaire sur Pronote : pas d'AESH et pas de regroupement en ULIS rendent les inclusions compliquées, surtout avec plusieurs pages de pdf à lire en plus des cours. Nos parents ont dû nous aider : ils leur fallait nous prêter l'ordinateur ou nous imprimer cette routine. Maths, Français, Sciences, Histoire-Géographie, mais surtout des lettres à écrire à de vrais personnes ! Un peu de lien avec le monde! Nous avons rédigé des lettres pour remercier ceux qui ont travaillé durant le confinement au péril de leur vie : les soignants, les médecins, les infirmiers, les aides-soignants, les urgentistes, les ambulanciers, les médecins généralistes, les chercheurs de vaccin, les anesthésistes, les kinésithérapeutes,... ils ont reçu nos messages par mail. On a aimé leur façon de travailler en équipe, au-delà de leur propre force, en échangeant leurs tactiques, les stratégies qui ont marché dans un service ou dans un autre. Et ils ont agi ainsi sans penser à se faire plus d'argent. On a dit qu'ils étaient des héros. On n'oubliera jamais leur dévouement. Nous avons fait la liste de tous ceux qui travaillaient aussi pour leur faire des dessins de gratitude partagés sur le site "génération mobilisée" : les agriculteurs, les électriciens, les commerçants, les pharmaciens, les livreurs, les camionneurs, les éboueurs, les agents d'entretien, les journalistes, les enseignants, les gens qui se sont mis à coudre des masques... Les jours se suivaient et nous avons senti la solitude : le confinement nous a pesé. Alors, nous avons pensé aux personnes âgées isolées en EHPAD. Nous avons envoyé des lettres aux EHPAD grâce à l'association "1 lettre, 1 sourire". Notre but était de faire naître sur leurs lèvres un sourire. C'était des lettres sans réponse mais nous étions contents de nous sentir un peu utiles et reliés aux autres. Le confinement a demandé que nous fassions des efforts pour garder le lien avec l'école et entre nous. Certains élèves ont perdu leurs grands-parents et c'était triste. Nos copains dont les parents travaillaient avaient peur que leurs parents soient malades, on ne le savait pas. On n'y a pas toujours pensé. Et puis, les devoirs à la maison, parfois, c'est stressant... pour les parents... Ils doivent revoir tout le programme! Parfois, le confinement avait des airs de vacances et la classe virtuelle a été le lieu de pas mal de fous-rires. Comme la fois où l'on a écrit la parodie "Co-co-co-corona, ce virus m'a tué / tué / assassiné : iné!". Comme la fois où XXX avait mis son ventilateur pendant la classe virtuelle : on se serait cru au décollage dans un avion! Comme la fois où Madame Valette a été déconnectée d'un coup de la classe virtuelle et qu'on était tous en classe virtuelle sauf elle! En continuité pédagogique, certains ont révélé leur talent d'écrivain ou de dessinateur. On a fait de très beaux sketchnotes! On se plaint de ne pas avoir école et, le jour où l'on peut y retourner, on ne fait pas son malin! Ce matin-là, certains ont mis un masque et ont pris les transports en commun pour que revienne la vie au collège! Mais,"nous marchons sur une glace fragile" et chacun doit prendre soin de soi et des autres. Ce qui compte, c'est d'avancer mais en prêtant attention à ce que chacun puisse avancer avec les autres. |
AuthorC.Valette, enseignante spécialisée. Categories
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