LE FILM:
http://www.mgi-paris.org/ftp/16_claude_bernard_college_pastecchia_18052016SansPub.mp4.zip LE MAKING-OF: https://youtu.be/NS75Xh9HgtA Le projet de faire un film a germé dans la tête de Y--. Cet élève de l'ULIS gardait un bon souvenir des activités cinématographiques menées par son instituteur. Ensuite, chaque membre de l'ULIS a apporté sa contribution au film documentaire. Pour ma part, j'avais la volonté de montrer l'ULIS à travers un documentaire et non un reportage. Je ne voulais pas faire une fiction. Je n'avais pas envie de raconter des histoires. Je voulais un film qui parle vrai, qui disent les choses telles qu'elles sont, dans leur profonde complexité. Grâce à Mme Sonia Pastecchia, réalisatrice de cinéma, membre de la MGI, Maison des Gestes et de l’Image, cette commande a pris forme. Sous ses conseils, les élèves se sont saisis de ce genre cinématographique, pour faire leur portrait de A à Z, en jouant sur les cadrages et les prises de vues. Cela a débuté par une série de questionnements improvisés face caméra. : Qu'est-ce que l'ULIS ? Pourquoi suis-je en ULIS? Que pensent les autres de moi en ULIS? A partir de ces dialogues, s'est ouverte une porte sur ce que chacun avait envie de dire de lui. Chaque parole a été travaillée, passée au travers du filtre artistique. Les élèves ont construit leur propre expression artistique: -un autoportrait à la Andy Warhol, -une photographie avec des objets familiers choisis en famille, -une chanson moyenâgeuse d'un roi qui peine à se réjouir malgré tout l'amour de sa femme et de sa mère, -une danse qui fait surgir le panthéon Hindou avec Ganesh, Shirvati ou Shiva, -une poésie qui traduit l'hyperactivité, -le mythe de Thésée revisité pour dire les craintes et les exploits du collégien inclus. Chaque élève parle depuis non seulement son rêve mais aussi son talent et sa passion. Chacun parle depuis cette richesse qui provient d'un vécu unique, le vécu d'un élève, d'un enfant, d'un frère, d'une sœur, d'une personne unique. Chaque élève est l'héritier d'une histoire ancestrale qui s'est perpétuée à Paris et qui a parfois commencé au loin ou même sur d'autres continents : en province, en Allemagne, en Algérie, au Maroc, en Côte d'Ivoire, au Mali, en Iran, aux Philippines, sur l'île Maurice. Cette histoire les a menés dans le 16ème arrondissement. Un quartier bourgeois? Pas seulement… Un quartier familial où se créent des ULIS à Jean-Baptiste Say, à Claude Bernard, à Janson de Sailly,…etc.. Les élèves ULIS ont tous parcouru un chemin différent qui les a menés par un beau matin de septembre 2014 en ULIS à Claude Bernard. Grâce aux efforts de -M.Wallon qui a posé les fondations, -de M.Villevet et de Mme Gustave qui ont dessiné l’architecture, -de Mme Rondo puis de Mme Labadie qui ont procédé au boisage, au poutrage et à la boiserie, -de Mme Bossan, AESH-co (accompagnante des élèves de l’ULIS), qui consolide les murs au quotidien -des professeurs de l’ULIS et d’inclusion qui accueillent, compensent, étayent, réassurent, … Grâce à tous ceux-là, les élèves sont devenus collégiens. Pendant ce temps-là aussi, Mme Pellan (formatrice à l’ESPE) me fournissait les clefs pour devenir coordonnatrice. C'est un peu de toutes ces histoires que les élèves ont raconté à Mme Sonia Pastecchia , la réalisatrice qui les a aidés à créer leur film. Nous sommes alors rentrés dans la phase la plus incertaine: l'organisation et le financement du projet. Il a fallu trouver des personnes sensibles à cette histoire, désireuses de porter ce projet particulier. -Mme Berthon, Chargée de mission culturelle au Rectorat, qui a soutenu le projet dans le cadre d'une classe à projet artistique. -M.Genilier, Coordinateur à la MGI (Maison des Gestes et de l'Image) a intégré le projet des élèves de l'ULIS aux ateliers de la MGI consacrés à la problématique du « vivre ensemble ». -Et il y eut surtout, Mme Brasseur, Adjointe au Maire de la 16ème chargée de l'Education, a remué ciel et terre pour apporter le financement nécessaire. Nous lui en sommes infiniment reconnaissants. Les élèves ont donc réussi à atteindre leur objectif et envisagent de présenter leur "portrait rêvé de moi en collégien" à divers publics des écoles primaires, notamment des CLIS, l'an prochain. Mais nous avons rencontré une audience inattendue. Ce qui fut une belle surprise, ce fut l'accueil réservé au film par les camarades ordinaires des élèves. Tout d’abord, les lycéens de Saint Thomas d'Aquin et de Saint Erembert. Puis, les Lycéens de la Classe Médias de Mme Rachet à Claude Bernard Enfin, les collégiens des classes ordinaires de Claude Bernard. Nous sommes infiniment reconnaissants à Ismaël Heribi et à Raphaël Koplewicz. .Ils nous ont fait l’immense honneur de réaliser un making-of. ESTHER Je m’appelle Esther. J’ai 13 ans. Je suis l’aînée de ma famille. Avant, j’étais en ULIS école dans la même classe que Daryll, Farah et Ramin. On était dans cette classe car on avait des difficultés pour apprendre à lire. Des difficultés spécifiques. C’était à l’école primaire D---. Maintenant, je suis en ULIS collège. Mon professeur s’appelle Mme Valette et mon AVS s’appelle Mme Bossan. J’ai des cours en ULIS et des cours en classe ordinaire. Je suis en 5ème 4. Je suis en classe avec mes nouveaux camarades : Amina, Dylan, Diogo, Pascal et Yann. Nous allons être dans la même classe pendant 4 ans ! Parfois, on se taquine : c’est normal : nous sommes ensemble tout le temps ! En ULIS, en classe ordinaire, à la cantine, en arts plastiques, en musique, en récréation ! FARAH ET PASCAL Je suis original Je ne suis pas ordinaire. J’ai du caractère. Je ne suis pas désillusionné. Car j’ai plein d’idées. Je suis idéaliste, Pas toujours réaliste. On dit que je suis gentil, Et même très courtois, très poli. Mais, je suis bavard aussi. On dit que je suis tolérant, Car j’aime les gens différents. En un mot, je suis sociable. Si je suis passif parfois, C’est que je rêve à des « il était une fois… ». Pas colérique, Je suis placide. Jamais en colère, Je me mêle de mes affaires. Je suis modeste, Et c’est pourquoi J’arrête là De parler de moi. Daryll contre le Minotaure Je vais en inclusion. J’ai peur. Dans la classe, il y a le Minotaure. Est-ce que je vais réussir à le combattre ? J’aimerais être un héros, aussi fort que Thésée. En classe, tout va trop vite. Je ne comprends pas, je ne connais pas les réponses. Je n’ose pas parler. J’ai peur de me tromper. Mais Thésée aussi a dû avoir peur : tout seul dans le labyrinthe, à marcher dans le noir, sans savoir où il allait. Heureusement qu’Ariane l’a aidé avec son fil ! Moi, j’ai l’ULIS. Cela me rassure. En ULIS, on fera une reprise du cours : Cela me permettra de comprendre. Je rentre en classe d’inclusion. Je vais affronter le monstre. Aujourd’hui, c’est sûr, je lèverai la main. Je sortirai mon épée et je participerai. Je vaincrai le Minotaure et je serai le plus fort. Ne pas imiter les mauvais élèves, Ne pas bavarder, Ne pas suivre les mauvais exemples pour ne pas rentrer dans le labyrinthe de l’ignorance. Les exercices sont tellement difficiles que l’on croit qu’ils sont comme un Minotaure. J’ai peur de me tromper et qu’on se moque de moi. DIOGO Ça sonne. Je pars en inclusion. Je vole comme un papillon. Pas de place pour les retardataires. Dans les cours ordinaires ! Je cours dans la cour. Je cours pour aller en cours. Je saute… Et… Je tombe des nues. Je tombe d’en haut. Je tombe du ciel. Je ne veux pas tomber comme un cheveu sur la soupe. Je ne veux pas tomber de la dernière pluie. Je tombe à pic ! Je tombe bien. ANAIKA Aujourd’hui je suis allée en Anglais J’ai bien participé. J’aime l’Anglais Mais j’adore le Bollywood ! Aujourd’hui je suis allée en Français Perceval et les chevaliers. J’aime le Français Mais j’adore le Bollywood. J’ai été forte et concentrée. Avec mes camarades, j’ai pu jouer. J’aime la récré Mais j’adore le Bollywood. Aujourd’hui, j’ai dessiné. Des pommes en 3D et des BD. J’aime bien écrire et colorier Mais j’adore le Bollywood ; Le Bollywood Le Bollywood Le Bollywood Le Bollywood Dylan Il était une fois un petit garçon Qui avait peur de tourner en rond. Il voulait avancer Aller de la porte A A la porte B. Comment faire ? Le monde devenait un enfer ! « Je n’ai pas les codes ! » Criait-il. A chaque fois, il revenait à son point de départ. Et il en avait marre ! Comment sortir de ce labyrinthe ? Personne n’écoutait sa plainte. Aucun panneau indicateur ! Pas d’AVS, Pas de professeur ! Pas de panneau ! Pas de panique ! La porte était comme un mur. Il était au pied du mur Mais le murmure !
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AuthorC.Valette, enseignante spécialisée. Categories
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